CARÊME 2021
Discerner la présence de Dieu en nos vies


Semaine 5

La chaleur d’une maisonnée

Dans quelques jours, je préparerai mes semis intérieurs pour mon potager. J’optimiserai les conditions de culture. Une terre humide et meuble dans un contenant propre déposé à la lumière.

Je sèmerai des graines. Elles germeront et elles se transformeront en plant. Un jour ceux-ci produiront des fruits. Quelle joie de récolter à l’été des concombres, tomates, poivrons, etc., issus tout simplement d’une toute petite graine! Sans oublier tout le partage qu’il peut y avoir autour d’un potager. Les connaissances, les expériences, les récoltes et j’en passe.

Ces fruits et légumes serviront à nourrir mon corps. Et mon cœur, lui? Comment le nourrir?

Depuis quelques semaines déjà, j’expérimente les maisonnées. Tel que proposée par le Cardinal Gérald-Cyprien Lacroix.

Par vidéoconférence, en petit groupe, nous partageons autour de la Parole de Dieu. Par la prière, je prédispose mon cœur à recevoir et à vivre la rencontre. Comme lorsque je prépare la terre pour recevoir les semis. Ensuite j’écoute la Parole. Simplement par des mots accrocheurs, des expressions, des répétitions, je ressens quelque chose monter en moi. Écouter les autres et échanger, cela m’enrichit. Les discussions prennent forme, l’atmosphère se réchauffe et chacun apprécie ce moment.

Cela me rappelle le thème du Carême : « Discerner sa présence ». N’est-elle pas justement présente dans cette petite graine qui m’offre sa production de fruits et légumes? Ou encore au cœur même de la maisonnée formée de personnes portant leur histoire et où chacun bénéficie du partage?

La Parole semée en moi réchauffe et porte ses fruits.

Marie-Josée, intervenante en pastorale

Semaine 4

Tout est don

Êtes-vous déjà entrés dans une église la nuit ? Les vitraux qui ornent les fenêtres sont alors tous les mêmes : grisâtres, sans éclat et sans vie. Mais dès que les premiers rayons du soleil viennent poindre à l’horizon et frapper sur les pièces de verre coloré, l’intérieur de l’église s’illumine de milles feux. Alors tous ces vitraux semblables la veille apparaissent soudain dans toute leur splendeur et leur unicité.

En ce quatrième dimanche du Carême, l’évangéliste Jean nous présente le Christ comme étant la Lumière venue dans le monde pour nous sauver. Que dois-je faire pour que sa Lumière bienfaisance et vivifiante puisse m’inonder tout entière et se répandre dans le monde ? Je dois faire comme le vitrail : me laisser simplement traverser. La Lumière est. Elle luit pour tout le monde. Je n’ai qu’à l’accueillir.

Comme le vitrail, il m’est impossible d’atteindre mon plein potentiel sans lumière. J’ai été créée pour accueillir et réfléchir la Lumière. Ce qui m’est nécessaire pour goûter la Vie en abondance est impossible à obtenir par mes propres moyens, par mes propres forces. Saint Paul nous le rappelle dans sa lettre aux Éphésiens: tout est grâce, tout est don. La Lumière ne vient pas de moi. Je ne peux la créer. Comme le dit le philosophe français Denis Marquet, « il faut oser recevoir. Il faut devenir pure réceptivité pour être un vecteur divin dans le monde. » J’ajoute à cela qu’il faut oser demander.

Seigneur Jésus, toi qui es ma Lumière et mon salut, donne-moi la grâce de l’accueil et du silence. Donne-moi la grâce de la confiance et de l’abandon pour laisser tomber tous mes systèmes de défense qui voilent mon vitrail et qui empêchent ta Lumière de pénétrer mon cœur. Donne-moi la grâce de l’humilité et les yeux du cœur pour que je puisse discerner ta présence dans ma vie et y répondre en laissant simplement ta Lumière diffracter vers les autres par mon cœur grand ouvert.

Pour conclure cette petite réflexion, je vous propose d’écouter le chant du groupe Glorius Pour moi tu l’as fait. Je trouve qu’il illustre bien la grandeur et la bonté de notre Dieu qui ne demande qu’à se donner tout entier à nous. J’unis ma prière à la vôtre pour que ce temps de Carême soit un temps de délestage de tout ce qui encombre nos vies et nous empêche d’accueillir sa Lumière et la richesse surabondante de sa grâce.

Catherine, intervenante en pastorale

Semaine 3

Parole étonnante!

J’aime beaucoup le pape François. Il m’a fait verser une larme le jour même de son élection alors qu’il nous révélait le nom qu’il choisissait : « François », celui qui parlerait aux pauvres, aux fleurs et aux oiseaux. Clin d’œil de Dieu ou réponse à mes prières, mon angoisse écologique trouvait une résonnance au sein de l’Église.

D’une simplicité réconfortante et d’un acharnement presque surnaturel à vouloir remettre les pendules à l’heure, tant dans l’Église que sur la planète entière, tout ce que le pape François a produit comme discours et œuvre littéraire depuis son élection, va dans le même sens. Croyants ou non-croyants, c’est toute l’humanité qui est face à la radicalité d’une conversion urgente. De quoi réactualiser la pertinence du christianisme et le bien-fondé universel du Carême chrétien !

Sa dernière production littéraire s’intitule « Guérir le monde ». Il y parle de guérir les personnes affectées par la pandémie, rétablir les relations dans notre monde interconnecté, lutter contre la pandémie de l’indifférence, les inégalités sociales et économiques, choisir l’option préférentielle pour les pauvres, prendre soin de la création, construire une «civilisation de l’amour».

Le troisième dimanche du carême nous invite à discerner la présence de Dieu dans une Parole étonnante. L’évangile de Jean raconte comment les concitoyens de Jésus ont été déstabilisés par sa parole prophétique qui voulait remettre les pendules à l’heure concernant leur perception du temple. «Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai» (Jn 2,19). On s’est moqué de lui…, un pauvre rêveur ! Pourtant, sa parole rêvait de convertir leur cœur et leur intelligence à la présence de Dieu et de son « Royaume d’amour » qu’il était venu lui-même réaliser au milieu d’eux, au prix de sa propre vie.

Je discerne dans les interpellations du chef actuel de l’Église catholique, la prophétie d’une parole étonnante qui m’invite à rêver, mais rêver grand. Pour initier un nouveau projet missionnaire dans nos paroisses, notre équipe pastorale est invitée, cette semaine, à se rappeler avec Martin Luther King de la force d’un rêve avec ce célèbre : « I have a dream ».

Aujourd’hui, c’est avec toute la force de l’utopie féconde, que je convie tous les rêveurs de bonne volonté, chrétiens ou non-chrétiens, à défier la morosité engendrée par cette pandémie pour réaliser le rêve de Dieu le plus étonnant! Celui de donner nos vies avec lui pour construire « une civilisation de l’amour »!

Ensemble, puissent nos rêves et nos paroles provoquer assez d’étonnement pour réaliser dans le cœur et l’intelligence de nos contemporains, la foi, l’espérance et l’amour pour guérir et protéger cette splendide Création rêvée par Dieu et restaurée, en Jésus Christ.

Bonne montée vers Pâques !

Odile Tremblay, intervenante en pastorale.

Semaine 2

La Transfiguration

La fraternité est tellement essentielle à notre humanité! Elle l’est tout autant pour grandir dans la foi, avec Jésus et nos frères et sœurs. Les Maisonnées veulent développer des réseaux de communion fraternelle, à l’instar des premières communautés chrétiennes.

C’est dans le cadre de cette initiative catéchétique diocésaine que l’abbé Léopold nous propose une réflexion sur la transfiguration, thème du 2e dimanche du carême cher à nos trois communautés puisque ce passage de l’Évangile de saint Mathieu réfère directement au vocable de notre paroisse.

La Transfiguration du Seigneur évoque le passage de l’Évangile où les Apôtres contemplent le Christ en gloire entouré de Moïse et d’Élie. Ce moment heureux intervient juste avant la première annonce de la Passion que le Christ devra traverser, comme pour fortifier les apôtres avant la grande épreuve qu’ils vont subir. Elle nous rappelle comment le Seigneur a voulu préparer le cœur de ses disciples à surmonter le scandale de la croix, mais elle annonce aussi « la merveilleuse adoption » qui fait de nous des enfants de Dieu en son Fils Jésus et la clarté dont resplendira un jour le corps entier de l’Église.

Bon visionnement et bon 2e dimanche du carême!

Semaine 1

Le carême, c’est le « reset » du chrétien!

À pareille date, l’an dernier, à la veille d’entrer en carême, on était loin de se douter du drame qui allait survenir. Mais un mois plus tard, tout a basculé. Et depuis, nous essayons de survivre… J’attends ce jour du grand « reset » pour revivre à nouveau, sans doute d’une manière nouvelle, tout ce qui favorisait ma joie de vivre.

Dans la vie spirituelle, le carême se présente comme un temps de renouveau. J’ai entendu un prêtre orthodoxe parler du carême comme le « reset » du chrétien, c’est-à-dire un nouveau départ, une remise en forme de notre vie chrétienne. N’est-ce pas ce que Jésus nous invite à vivre en nous disant : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15) ?

Dans l’évangile de ce premier dimanche de carême, saint Marc raconte que Jésus, après son baptême, est poussé au désert par l’Esprit et y demeure pendant quarante jours, tenté par Satan. Il ajoute : « Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient » (Mc 1, 13). Cela évoque l’harmonie de la création voulue par Dieu. Une harmonie entre le ciel et la terre. Un grand rêve que nous portons au fond de nous-mêmes, brisé par notre manque de sagesse et de fidélité à Dieu. Voilà qu’avec Jésus le règne de Dieu est arrivé. Le monde nouveau est commencé.

Dans notre vie chrétienne, nous avons besoin de nous resituer. Il est facile d’oublier Dieu et de se laisser aller à nous-mêmes, à nos instincts, de se laisser griser par de l’éphémère, de laisser le tourbillon de la vie nous distraire de l’essentiel, sans se poser la question du sens de notre existence. Le règne de Dieu s’est approché en la personne de Jésus qui nous entraîne avec lui dans le grand rêve d’harmonie et de bonheur. Un grand rêve que nous avons la responsabilité de garder vivant en ayant cette sagesse d’adopter le regard de Dieu, de nous émerveiller de son amour et de vivre selon ses valeurs. La conversion commence par des questions qu’on prend le temps d’accueillir, des questions quant à ce qui se passe en soi, autour de soi et dans le monde. Puis, c’est de se tourner vers Dieu qui, sans cesse, « fait toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5).

Concrètement, il s’agit d’abord de prendre le temps de faire silence, d’entrer en soi, dans le secret de nos cœurs, comme Jésus nous y invite. C’est là que nous rencontrons le regard de Dieu sur nous, c’est là que Dieu nous parle. Son appel… «convertissez-vous… » se fait entendre comme une parole pleine de bienveillance. Car il est le Dieu des recommencements… La conversion, c’est quelque chose d’heureux, de joyeux!

Avons-nous le goût de revivre à nouveau, d’une remise en forme spirituelle? Avec l’épreuve de la pandémie, peut-on aussi espérer la venue de quelque chose de neuf pour notre monde? Le règne de Dieu est à l’œuvre, une grande harmonie à rêver, à esquisser, à réaliser à travers bien des tâtonnements et des erreurs mais avec l’ingéniosité et la patience de nos dynamismes créateurs et de notre foi persévérante. Avec Jésus, nous avons le guide qui nous permet de trouver le chemin qui mène à ce monde nouveau, celui qui jaillit au matin de Pâques.

Bon carême ou bon « reset » spirituel!

Gérard Bilodeau, prêtre


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