Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin…

Nous connaissons tous le récit de l’évangile des mages venus d’Orient. Ces mystérieux visiteurs se pointent d’abord à Jérusalem chez le roi Hérode avec une question bien simple : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître? » Ces chercheurs de Dieu pensaient le trouver dans la Ville Sainte, dans le Temple de Jérusalem, là où l’Écriture est gardée et enseignée. Mais il n’est pas là. Il faut donc le chercher ailleurs. Bethléem! Bethléem qui signifie la « Maison du pain ». Et c’est là qu’ils font la rencontre du Christ avec Marie sa mère. C’est là qu’ils se prosternent et offrent leurs cadeaux : or, encens et myrrhe.

Ils ne retourneront pas chez Hérode. Ils regagnent leur pays par un autre chemin. Par un autre chemin… la rencontre du Seigneur a provoqué quelque chose en eux. Ils ne sont plus pareils. La nouveauté s’est inscrite dans leur cœur. Ils leur faut donc opérer un changement. Un autre chemin… Ils ne peuvent plus revenir en arrière.

Nous aussi, nous sommes appelés à faire la rencontre du Seigneur Jésus dans la « Maison du pain », dans notre maison-église, lieu de révélation, lieu de communion au Corps du Christ, lieu d’une rencontre qui appelle une conversion, lieu où s’offrent l’accueil et la tendresse maternelle de Marie.

Prendre un autre chemin… Parfois cela demande bien du courage : laisser nos habitudes, nos sécurités pour vivre l’aventure de la foi. Par un autre chemin… Ne plus reprendre nos vieux chemins. La route nouvelle peut être longue, parfois même ardue, mais prendre un chemin neuf nous ouvre à la contemplation remplie de fraîcheur et parfois même de surprises. L’autre chemin nous offre la possibilité de faire confiance, de découvrir notre foi plus riche et notre vie avec un sens nouveau.

« Où est le roi des Juifs qui vient de naître? » avaient-ils demandé. Et s’ils sont restés en marche sur l’autre chemin, celui-ci les conduira jusqu’à la croix où Pilate avait fait inscrire : « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs » (INRI). L’autre chemin nous présente un itinéraire non seulement de prédication et de miracles, mais un parcours qui nous fait passer par les souffrances quotidiennes pour parvenir à la résurrection. Quelle est donc importante cette petite phrase de l’Épiphanie : « Par un autre chemin… »!

Abbé Pierre, curé modérateur