Troisième axe du projet pastoral
Être des témoins authentiques
Troisième axe du projet pastoral : «développer notre identité chrétienne (Vous êtes le sel de la Terre… Vous êtes la lumière du monde. Mt 5, 13-14 )»
La marque du chrétien est l’amour, c’est certain… Et même un peu plus… Lorsqu’à Antioche, au premier siècle, les disciples du Christ sont appelés chrétiens pour la première fois (Ac 11, 25-26), c’est parce qu’ils se démarquaient des autres, qu’ils reflétaient le Christ, lui qui était tout à tous.
Être chrétien, n’est-ce pas prendre Jésus-Christ pour modèle, c’est-à-dire suivre son message et être animé du même Esprit? N’est-ce pas manifester une appartenance par des pratiques et des signes? Pensons ici au signe des chrétiens qui est le signe de la croix. En traçant sur eux le signe de la croix, les chrétiens rappellent leur foi en Jésus Christ mort sur la croix et ressuscité. Cela traduit leur identité chrétienne.
Mais y-a-t-il plus que l’amour fraternel, ou plus qu’un signe d’appartenance, quand on parle d’identité chrétienne? Certains catholiques pensent que les membres de leur Église sont trop discrets, et qu’ils devraient afficher plus souvent leurs convictions chrétiennes. Y a-t-il un blocage à quelque part?
Lors des consultations qui ont été faites auprès de personnes de nos milieux, on leur a demandé ce qu’ils entendaient dans leur entourage par rapport à l’Église et son avenir. Il en est ressorti, d’une part, que l’image de l’Église est gravement entachée par les scandales sexuels et, d’autre part, que beaucoup de personnes ont la perception que l’Église est rétrograde. On nous a parlé des exigences relatives aux sacrements (par exemple la préparation trop longue pour les plus jeunes, formation imposée pour être parrain ou marraine). On nous a dit aussi que l’Église n’a pas suffisamment de reconnaissance envers ceux qui ne viennent pas célébrer à l’église (beaucoup de valeurs sont affichées dans notre société mais trop peu mentionnées comme valeurs chrétiennes).
Je me souviens d’avoir entendu quelque fois cette réflexion : «Nous, les Québécois, on n’est pas habitué de parler de notre foi. On nous a habitués à écouter, mais non pas à parler». Ce constat est judicieux. Mais peut-être aussi que le contexte social nous fait peur et nous empêche de parler? Et puis quoi dire?
«Il est important que les chrétiens osent parler, qu’ils osent dire, avant même de parler de leurs convictions, ce que croire leur fait. Je crois que cela intéresse vraiment leurs voisins, leurs collègues, leur famille. Les chrétiens, et particulièrement les catholiques, sont souvent trop silencieux sur cette question, comme si la foi était une chose tellement intime que l’on ne pouvait pas en parler. Ce qui n’intéresse pas les gens, c’est d’entendre un catéchisme, une série de choses auxquelles il faudrait croire. Ce qui les intéresse beaucoup plus, c’est de savoir en quoi la foi nous aide à vivre, marque notre existence» (Père Etienne Grieu, jésuite, théologien).
L’identité chrétienne ne s’affiche pas facilement dans un monde qui n’approuve pas les prescriptions et les interdits de l’Église (ex. l’avortement, l’euthanasie). Comment gérer ce malaise qui risque d’entacher nos convictions? Le Père Grieu répond en disant : «Je pense qu’il est important, quand les chrétiens sont interrogés sur ces questions, qu’ils osent défendre des positions auxquelles on a beaucoup réfléchi en Église et que l’on croit vraiment importantes. Mais témoigner de la foi ne peut pas se limiter à ce registre-là. D’autant que nos contemporains sont très sensibles à ces questions-là et qu’ils risquent de ressentir comme une agression les positions que l’on prend. Si on cherche à partager sa foi, ce n’est sans doute pas par ce biais-là que l’on peut y parvenir. Comment la foi nous aide-t-elle à vivre, à avancer dans l’existence, à surmonter les difficultés, à traverser des abîmes parfois, à garder une espérance dans un monde morose ? Voilà ce qui intéresse nos contemporains. Quand on va sur ce registre-là, leurs oreilles s’ouvrent. Il vaut mieux parler de ce qui nous tient à cœur dans la foi : qui est Jésus, quel visage a-t-il… Je crois que beaucoup de gens sont prêts à l’entendre».
Beaucoup de gens sont prêts à entendre ou, à tout le moins, à voir jusqu’où notre foi nous conduit. De quoi témoignent nos paroles, nos gestes? Qu’est-ce qui nous anime? Sommes-nous des chrétiens transfigurés? Quoi qu’il en soit, nous avons à réfléchir sur ce que signifient pour nous aujourd’hui ces paroles de Jésus : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Mt 5, 13-16).
Texte de l’abbé Gérard Bilodeau.
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